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Last updated on février 20th, 2025 at 11:48 pm
Les mĂ©decins libĂ©raux en France sont de plus en plus confrontĂ©s Ă un environnement numĂ©rique qui Ă©volue rapidement. L’intĂ©gration de technologies telles que la tĂ©lĂ©consultation, les logiciels de gestion de cabinets, et d’autres outils numĂ©riques rend leur quotidien plus efficace, mais engendre Ă©galement des coĂ»ts croissants. Cet article explore en profondeur l’impact financier de cette digitalisation sur la pratique mĂ©dicale et la nĂ©cessitĂ© d’une dotation numĂ©rique adĂ©quate.
Des dépenses numériques en forte augmentation
Selon une enquĂŞte menĂ©e par l’Union RĂ©gionale des Professionnels de SantĂ© (URPS) mĂ©decins libĂ©raux d’ĂŽle-de-France, les dĂ©penses liĂ©es aux outils numĂ©riques dans le secteur mĂ©dical sont en forte croissance. Plus de 300 mĂ©decins ont Ă©tĂ© interrogĂ©s, rĂ©vĂ©lant qu’une majoritĂ© d’entre eux a constatĂ© une augmentation significative de leurs coĂ»ts numĂ©riques au cours des dernières annĂ©es.
- 91 % des médecins sont maintenant abonnés à un logiciel de gestion de cabinet, avec un coût moyen de 151,77 € par mois.
- 57 % des mĂ©decins utilisent des solutions de tĂ©lĂ©consultation, entraĂ®nant des frais mensuels d’environ 85,78 €.
- 86 % ont adopté un agenda en ligne, représentant la dépense la plus importante avec 153,13 € par mois.
- 39 % utilisent une messagerie interprofessionnelle, à un coût de 13,10 € par mois en moyenne.
Ces nouvelles pratiques entraĂ®nent des frais supplĂ©mentaires non nĂ©gligeables, tels que des coĂ»ts d’accès Ă Internet et des frais de maintenance, ce qui alourdit encore davantage le budget des mĂ©decins libĂ©raux.
Les Ă©quipements pĂ©riphĂ©riques ne sont pas Ă nĂ©gliger. Environ 66 % des mĂ©decins utilisent des lecteurs de tĂ©lĂ©paiement et 61 % disposent de lecteurs de cartes vitales, ce qui augmente encore leurs dĂ©penses mensuelles. Ces investissements sont nĂ©cessaires pour rĂ©pondre aux exigences d’un système de santĂ© de plus en plus numĂ©rique.
Un impact financier significatif
Avec cette augmentation des coĂ»ts numĂ©riques, le Dr Philippe Parranque, coordonnateur de la Commission E-SantĂ© de l’URPS mĂ©decins, indique que ces investissements reprĂ©sentent dĂ©sormais entre 15 et 20 % des frais de fonctionnement d’un cabinet mĂ©dical. Cela soulève des questions cruciales concernant la viabilitĂ© Ă©conomique de la pratique libĂ©rale dans un système de santĂ© en pleine mutation.
La gestion active des coĂ»ts numĂ©riques devient vitale. Il est essentiel de comprendre comment ces outils peuvent effectivement rĂ©duire les coĂ»ts Ă long terme. Par consĂ©quent, les mĂ©decins doivent Ă©valuer soigneusement chaque dĂ©pense associĂ©e Ă l’adoption de nouvelles technologies.
Une enquête révélatrice
Une enquĂŞte menĂ©e en 2023 a montrĂ© que 87 % des mĂ©decins ont constatĂ© une augmentation significative de leurs dĂ©penses numĂ©riques, et 56 % d’entre eux ont dĂ©clarĂ© que cette augmentation dĂ©passait 15 % depuis 2019. Il est Ă©vident que le besoin de se moderniser est accompagnĂ© d’une charge financière croissante.
La dotation numérique en question
Au milieu de ces dĂ©penses croissantes, la question de la dotation numĂ©rique (Donum) proposĂ©e par l’Assurance Maladie se pose. PrĂ©vue dans le cadre de la convention mĂ©dicale 2024, cette nouvelle forme de rĂ©munĂ©ration devrait entrer en vigueur en 2026. Cependant, elle a soulevĂ© de nombreux doutes parmi les praticiens quant Ă son montant rĂ©el et Ă son adĂ©quation avec les besoins du secteur.
- La dotation est fixĂ©e Ă un montant maximal de 2940 € par an, jugĂ© insuffisant par l’URPS.
- Elle sera calculée en fonction de plusieurs indicateurs, créant des incertitudes pour les médecins et leur rémunération.
- Il existe un scepticisme quant à son efficacité à compenser les coûts exponentiels liés aux outils numériques.
Cristina, une médecin généraliste à Paris, partage son expérience : « Je suis préoccupée par l’impact financier de ces nouvelles exigences, car mes revenus n’augmentent pas en fonction de mes dépenses. » Une préoccupation partagée par de nombreux praticiens.
Des préoccupations croissantes
L’URPS, reprĂ©sentant 21 000 mĂ©decins libĂ©raux en ĂŽle-de-France, souligne que ces dĂ©penses numĂ©riques ne constituent pas uniquement un phĂ©nomène passager. Au contraire, elles semblent devenues une rĂ©alitĂ© durable dans le paysage mĂ©dical. Les praticiens doivent non seulement investir financièrement, mais Ă©galement consacrer du temps Ă se former et Ă se familiariser avec ces nouvelles technologies.
NĂ©e d’un dĂ©sir d’efficacitĂ©, la digitalisation entraĂ®ne des dĂ©fis inĂ©dits. De nombreux mĂ©decins expriment leur prĂ©occupation vis-Ă -vis de l’impact que cela peut avoir sur leur relation avec les patients, notamment en ce qui concerne la qualitĂ© des soins fournis.
Perspectives et défis
Pour assurer une transition numĂ©rique rĂ©ussie, il est impĂ©ratif que les mĂ©decins libĂ©raux trouvent des sources de financement alternatifs pour compenser leurs investissements. L’URPS suggère que les mĂ©decins disposent d’une plus grande marge de manĹ“uvre concernant la valorisation de leurs actes mĂ©dicaux. Cette Ă©volution doit se faire en parallèle avec les changements technologiques, afin d’assurer la pĂ©rennitĂ© financière des pratiques libĂ©rales.
Dans ce contexte, il est crucial de mesurer les bĂ©nĂ©fices apportĂ©s par les outils numĂ©riques par rapport aux dĂ©penses engagĂ©es. Les outils numĂ©riques doivent avant tout rĂ©pondre Ă un besoin rĂ©el, sans occulter l’impact financier subi par les praticiens.
Pour faire face Ă ces Ă©volutions, les mĂ©decins doivent non seulement ĂŞtre conscients des enjeux Ă©conomiques mais aussi de l’utilisation de la technologie pour amĂ©liorer la qualitĂ© des soins. Le dĂ©fi restant demeure d’Ă©quilibrer ces avancĂ©es avec la rĂ©alitĂ© Ă©conomique de leurs pratiques mĂ©dicales.
Source: www.caducee.net
🗣️ Créé le 14 janvier 2025. Modifié le 20 février 2025 par Pierre Alouit