Bouaké : un centre hospitalier universitaire en détresse, en quête d’une intervention urgente

Le Centre hospitalier universitaire de Bouaké, situé au cœur de la région du Gbêkê en Côte d’Ivoire, joue un rôle central dans la prise en charge de la santé publique dans cette zone. Cependant, cet établissement emblématique traverse une période critique, nécessitant une intervention urgente pour maintenir sa fonction vitale. Pendant de nombreuses années, le CHU Bouaké a été le pilier sanitaire pour de nombreuses populations des régions nord et centre de la Côte d’Ivoire ainsi que des zones limitrophes du Mali et du Burkina Faso. Il est donc crucial de se pencher sur l’état actuel de l’hôpital, ses infrastructures, et les défis que son personnel doit surmonter au quotidien.

L’historique du CHU de Bouaké

Fondé dans l’optique de décentraliser les soins de santé et de désengorger les établissements de santé d’Abidjan, le CHU de Bouaké a connu une véritable évolution depuis sa création. En effet, entre 2002 et 2007, l’hôpital a traversé une grave crise, marqué par l’occupation par l’ONG Médecins Sans Frontières, qui a fourni une aide essentielle à la population. Toutefois, après leur départ, les usagers ont largement déserté le CHU au profit de cliniques privées ou de médecines traditionnelles.

Au fur et à mesure du temps et grâce à la direction du Pr Boa Yapo Félix, l’établissement a progressivement retrouvé sa notoriété. À partir de 2008, le CHU Bouaké a commencé à mieux fonctionner avec l’augmentation du nombre de patients et d’une offre de soins revue à la hausse. Au fil des ans, son accessibilité a permis à des centaines de malades d’accéder à des traitements divers, allant de la maternité aux soins d’urgence. Les services offerts au CHU permettent aujourd’hui de répondre à des besoins variés, notamment en pédiatrie, gynécologie, traumatologie, entre autres.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2011, le CHU avait augmenté le nombre d’accouchements à 3396 et le taux de consultations avait explosé, témoignant ainsi de l’amélioration de la qualité des services. Mais un constat amer subsiste : si le CHU de Bouaké a su redresser la barre, il reste en proie à des défis d’infrastructures et d’équipements qui risquent de compromettre cette progression.

Infrastructures et équipements : un besoin urgent

En s’intéressant de plus près aux infrastructures du CHU, il est aujourd’hui primordial de signaler que l’hôpital opère dans un cadre souvent inadéquat. Les installations, bien qu’en fonctionnement, montrent des signes de vétusté qui affectent le bon déroulement des soins. De nombreux bâtiments, à la fois des services médicaux et des locaux techniques, nécessitent des rénovations substantielles ou des agrandissements. Cela soulève des préoccupations quant à la sécurité et la qualité des soins offerts aux patients.

• Problèmes d’accessibilité : de nombreux patients ont du mal à accéder aux consultations en raison de l’absence de infrastructures appropriées.
• Équipements médicaux : plusieurs blocs opératoires ne disposent pas d’outils adéquats, ce qui limite la capacité d’intervention des spécialistes.
• Besoin d’extension : avec un nombre croissant de patients, des nouveaux bâtiments sont nécessaires pour accueillir les services manquants.

Cette situation préoccupante a conduit de nombreuses parties prenantes, dont le Ministère de la Santé Côte d’Ivoire et la Fondation Bouaké Santé, à se mobiliser pour obtenir les fonds nécessaires à la réparation et à la modernisation des infrastructures. Une initiative que certains acteurs locaux soutiennent, notamment l’Association Patients Bouaké et la Croix-Rouge Bouaké, mettant en avant l’importance d’une réponse immédiate pour garantir la continuité des soins.

Ces chiffres illustrent non seulement l’augmentation de la demande de soins, mais également l’indispensabilité d’une modernisation en profondeur pour le CHU de Bouaké. En effet, de nombreux patients continuent de souffrir de délais d’attente inacceptables qui pourraient être significativement réduits grâce à des infrastructures rénovées.

À la rencontre du personnel soignant

Le personnel médical du CHU joue un rôle crucial dans l’accompagnement des patients, mais fait face à de nombreuses pressions. Avec environ 363 agents répartis sur 22 unités de soins, l’équipe de santé est soumise à une charge de travail très élevée. Il est essentiel d’explorer les réalités vécues par les médecins, les infirmiers et les aides-soignants dans un contexte où les ressources manquent cruellement. Bien que le taux de personnel actif soit actuellement de 70 à 90%, des postes restent vacants, en particulier dans des domaines critiques tels que la pédiatrie et la maternité.

Dans cette optique, l’Association des Médecins de Bouaké a notamment exprimé ses inquiétudes concernant le manque de personnels infirmiers spécialisés, qui est indispensable pour assurer une qualité de soins optimum. Des efforts doivent être entrepris pour attirer de nouveaux talents et maintenir le personnel en place. Les témoignages de patients, dont Mme Cissé Mariam, offre un aperçu de l’engagement du personnel, malgré les difficultés rencontrées.

• Délais d’intervention : les délais pour les soins peuvent être rallongés à cause de l’insuffisance du personnel dans certains services.
• Pression au travail : les soignants sont souvent en surcharge, rendant difficile la qualité des soins.
• Reconnaissance des efforts : les équipes soignantes sont souvent saluées par leurs patients, montrant un lien de confiance malgré les problèmes de fond.

Les acteurs de la santé à Bouaké devront trouver des solutions pérennes pour non seulement améliorer les conditions de travail du personnel, mais aussi garantir un meilleur service aux patients. Les propositions faites par le Collectif pour la santé à Bouaké incluent des formations continues et des améliorations des conditions de travail pour optimiser la prise en charge.

Les défis à relever pour le futur de la santé à Bouaké

Aujourd’hui, le CHU Bouaké fait face à un défi majeur : celui de la pérennisation de ses services dans un contexte économique difficile. Les récents investissements dans la construction du nouveau Centre Hospitalier Régional à Bouaké, qui vise à désengorger le CHU, sont un pas en avant vers l’amélioration de l’accès aux soins. Néanmoins, des efforts supplémentaires sont cruellement nécessaires. Les décisionnaires doivent débuter un processus de planification stratégique pour coordonner l’utilisation des ressources et permettre au CHU de fonctionner de manière optimale.

Les principaux défis incluent :

• Ressources financières : le financement de l’infrastructure et des services de santé est primordial pour garantir une qualité de soins.
• Amélioration des services : sans l’actualisation des équipements, il sera difficile d’attirer et de garder les patients.
• Collaboration inter-institutionnelle : renforcer les partenariats entre le gouvernement, les ONG et les autres acteurs est essentiel.

Au regard de la situation, la communauté peut jouer un rôle clé en soutenant les initiatives visant l’amélioration des conditions sanitaires. Que ce soit à travers du bénévolat, des dons ou en soutenant les mouvements pour l’accès à la santé. L’implication de la population dans la santé publique est primordiale. En somme, malgré les défis, un avenir meilleur pour le CHU de Bouaké est envisageable grâce à une volonté collective de changement.

🗣️ Créé le 15 août 2025. Modifié le 15 août 2025 par Virginie.Chambon